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Fongicides : des clefs contre les maladies sur blé tendre

En complément des triazoles, les strobilurines, le fenpicoxamide ou les SDHI trouvent leur place au T2.

Alors que l’offre n’a pas évolué et que les résistances aux fongicides sont plutôt restées stables, les programmes 2026 sur blé s’appuient toujours sur l’alternance des modes d’action.

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Les conditions assez sèches du printemps 2025 ont limité la pression des maladies foliaires sur blé tendre. La nuisibilité moyenne, toutes maladies confondues, s’est élevée à 12,2 q/ha dans le réseau d’essais Arvalis, soit 10 q/ha de moins qu’en 2024. Cela s’est traduit « par une réduction de l’enveloppe fongicide avec une dépense moyenne de 61 €/ha, en baisse de 20 % par rapport à 2024 ». « Globalement, avec très peu de nuisibilité, on valorisait difficilement un T1 (stade 2 nœuds) en l’absence de rouille jaune, comme un T3 (stade floraison), fait savoir Cyrille Gaujard, responsable du pôle “maladies et méthodes de lutte” chez Arvalis. En revanche, il fallait privilégier l’application à la dernière feuille étalée (T2) qui a en moyenne a permis de lever 12,4 q/ha. »

Biocontrôle au T1

Le T1 ne doit donc pas être systématisé, car il n’est souvent nécessaire que sur variétés sensibles à la septoriose et/ou à la rouille jaune. Arvalis précise que dans ses essais, l’efficacité des produits de biocontrôle (soufre et/ou phosphonates de potassium) sur septoriose a été équivalente à supérieure à la référence Juventus 0,7 l (metconazole).

Sur rouille jaune, assez présente cette année, Elatus Era (prothioconazole + benzovendiflupyr) 0,8 l en T2 unique a contrôlé 81 % des symptômes. Précédée en T1 de Juventus 1 l, l’efficacité est quasiment stable, les attaques de rouilles jaunes ayant été assez tardives cette année. « Toutefois, si Juventus 1 l en T1 est associé à Sesto (folpel) 1,5 l en T2, l’efficacité baisse de 15 points avec une perte de rendement de 4,5 q/ha », pointe Jérôme Thibierge, responsable de la lutte contre les maladies chez Arvalis. Il ajoute : « sur rouille, il faudra “béquiller” la solution de biocontrôle avec un partenaire efficace ». Pour cela, deux solutions se dégagent au T1 : Fandango S (prothioconazole + fluoxastrobine) et Maxentis (azoxystrobine + prothioconazole).

Septoriose : les solutions en cours de développement présentent les meilleurs résultats

Dans les essais contre la septoriose au T2, Revystar XL (mefentrifluconazole + fluxapyroxade) 0,9 l arrive en tête des références avec 63 % d’efficacité. Silvron (bixafène + fluopyram) 0,5 l + Jessico One (fenpicoxamide) 1 l et Revystar XL 0,75 l affichent respectivement des taux de 61 % et 55 %. Suivent Questar (fenpicoxamide) 1 l + Elatus Plus (benzovindiflupyr) 0,5 l (avec 51 %), Univoq (fenpicoxamide + prothioconazole) 1 l (41 %) et Elatus Era 0,75 l (40 %).

Finalement ce sont les solutions en cours de développement qui présentent les meilleurs résultats. L’association de pydiflumetofen (ou Adepidyn) 1,33 l + Questar (fenpicoxamide) 1 l arrive en tête (74 %). « Cette solution associe deux substances actives, non encore utilisée pour la première, récente pour la seconde, pour lesquelles il n’y a pas encore de résistance connue », juge l’institut.

L’association de pydiflumetofen + prothioconazole à 1,33 l dispose de 66 % d’efficacité. Syngenta espère commercialiser l’Adepidyn seul pour 2027 et sa formulation associée pour 2028. Quant au metyltetrapole (ou Pavecto), employé à 1,2 l avec un partenaire sous code, il se place dans le trio de tête avec 64 % d’efficacité. « Cette solution amènera du progrès contre septoriose, sachant que Philagro espère qu’elle sera disponible au printemps 2028 », souligne Jérome Thibierge.

En rouille brune, plusieurs solutions ont fait leurs preuves

Les conditions climatiques ont été favorables au développement de la rouille brune. Arvalis indique que plusieurs solutions ont fait leur preuve au T2 selon les résultats d’essais. Revystar XL 0,7 l + Comet 200 (pyraclostrobine) 0,35 l atteint 93 % d’efficacité. Avastel (prothioconazole + fluxapyroxade) 0,8 l + Amistar (azoxystrobine) 0,4 l s’avère aussi intéressant (90 %). L’efficacité du mélange Kardix (bixafène + fluopyram + prothioconazole) 0,8 l + Quibilium (pyraclostrobine) 0,4 l s’élève à 87 % et celle de Revystar XL 0,9 l à 86 %. Les performances de Maxentis 1 l ont été proches (80 %). Enfin, Elatus Era 0,75 l, la référence sans strobilurine, a atteint 79 % d’efficience. Et si l’Adepidyn contrôle la rouille brune, « cela ne reste pas son point fort ».

SDHI pas systématique

« Pour la proposition des programmes, rien ne bouge donc vraiment comparé à l’an dernier. Il faut toujours s’adapter à la nuisibilité de l’année, sachant que plus on aura une variété sensible et plus le risque sera fort », souligne Louis Heck, ingénieur Arvalis en Normandie. Le raisonnement des interventions sera adapté à la pression maladies de l’année, à l’aide d’observations et/ou de prévision du développement des maladies afin de bien les positionner. Par ailleurs, on diversifiera les modes d’action en alternant et en associant les substances actives dans les programmes, pour éviter le développement de résistance (lire encadré ci-dessous). L’emploi de molécules multisites (comme le soufre ou le folpel) reste ainsi intéressant.

À noter que le prothioconazole, employé sur 67 % des surfaces de blé tendre, est affecté par la présence de souches de septorioses résistantes. Il peut donc être plus intéressant de le garder pour un éventuel T3 contre fusarioses (et mycotoxines), plutôt que pour le T2. Justement au T3, on misera sur un triazole associée ou non, ou sur Fandango S (prothioconazole + fluxastrobine). De plus, si les SDHI (un par campagne) sont à réserver au T2, Arvalis rappelle que le fenpicoxamide est aussi efficace sur septoriose et limite la pression de sélection.

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